Friday, April 19, 2024

Incipits finissants (67)

On avait bien dit : plus jamais ça. Plus jamais ça, mais quoi ? C’est ce fantôme de l’autoritarisme, qui est de moins en moins un fantôme et met en péril la démocratie, si tant est que ce joli mot ait été jamais mis en musique. Appelez ça extrême droite, ordre moral, droitisation des idées. 
Plus jamais ça. J'entends pour ma part cette injonction depuis 1986, année des manifestations lycéennes et étudiantes (contre un projet élitiste de réforme universitaire d'un ministre oublié par ailleurs), au cours desquelles un étudiant, Malik Oussekine, a été tué par des voltigeurs policiers. Une prise de conscience synonyme d'endormissement progressif.
Plus jamais ça, avec un peu plus qui s'efface peu à peu.
C'est que les tueries de nos ancêtres sont lointaines à présent. D'ailleurs, victimes et bourreaux sont morts finalement. Regardez la guerre de 14-18. Il y a beau avoir eu 1,5 millions de français morts. Les villes bombardées ont été reconstruites. Les villages détruits ont été recouverts par de belles forêts. Bref, tout le monde s'en fout. La guerre en France est devenue une abstraction. Les kapos, des jeux vidéo.
Et pourtant, les conflits armés bien actuels, ils existent. Bien sûr qu'ils existent. Mais ils sont loin de chez nous. Alors, c'est pas grave. Sauf qu'ils ont tendance à se rapprocher de plus en plus, dans leur soif de partage des plaies. Du coup, ça devient moins drôle.
En plus, s'il y a toujours du plus jamais ça, y a toujours aussi plus de chômage. Et aussi de plus en plus de vieilles badernes politicardes, de plus en plus coupées du peuple. Alors, ma foi, on en parle de plus en plus, du messie politique, en échange de quoi on s'autoriserait volontiers des libertés avec notre régime démocratique. Après tout, Hitler a réglé le problème du chômage. Ah ça ! Question de ça ! Il l'a bien réglé ! D'ailleurs, ces temps-ci, on republie "Mein Kampf". Et pis merde ! Trop longtemps, on a été trop gentils avec tout le monde. Et qu'est-ce que ça nous a apporté ? Que des emmerdes. On aimerait pour une fois pouvoir montrer les crocs. Les gentils, Mère Térésa et tout ça, ça n'a jamais été très vendeur. A la limite, Jésus. Mais même lui, il est mort en martyr.
L'autoritarisme, c'est comme la dope. On est déjà tellement accros à la drogue douce qu'un jour, on tombera dans la dure. ça nous fera ptète du bien. Peut-être que ça guérira tous nos maux, qu'ont pas été solutionnés par les gentils. Et tant qu'à mourir à cause des idées des autres, autant que ce soit de mort rapide.
P.M.

Numéro 107 de "Traction-brabant"

 

Le numéro 107 de "Traction-brabant" est vendu au prix de 3 €. Alors, ne vous privez pas. Des exemplaires des anciens numéros sont également disponibles sur demande.

Pour plus de précisions, contact association le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Ce numéro 107 est également disponible sur Hello Asso : 

Présentation

"TRACTION-BRABANT" (alias T-B pour les intimes) est un fanzine d'écriture, de poésie et autres textes courts, créé en janvier 2004 par Patrice MALTAVERNE (conception, écriture, choix et mise en page des textes) et Patrice VIGUES (illustrations).

"TRACTION-BRABANT" existe aussi et surtout sous sa version papier à une cent soixante-dizaine d'exemplaires par numéro. Le poézine est à parution aléatoire, quoique... si tous les deux trois mois, les combattants sont en forme, un nouveau numéro sort de leur tanière.

"TRACTION-BRABANT", aujourd'hui publié par l'association Le Citron Gare, ne demande aucune subvention, le poézine a juste pour but de faire circuler à son modeste niveau une poésie pas trop classique ni trop molle surtout, ainsi que de véhiculer certaines pistes de réflexion, sans pour autant qu'il ne soit tranché dans le vif.

Plus précisément, à l'origine, TRACTION-BRABANT est la contraction de traction avant, l'auto et de brabant double, la charrue à double soc. Cela montre avant tout notre nostalgie pour ces vieux objets mécaniques ainsi que notre méfiance par rapport à un progrès non mesuré...

Les auteurs (poètes, illustrateurs) présents dans "TRACTION-BRABANT" sont plus de cinq cents, d'après les dernières stats.

Ce blog a pour but de reproduire des extraits du zine sous sa version papier et de faire connaître davantage ce que nous faisons....

"TRACTION-BRABANT" s'efforce d'encourager ses participants à des échanges de textes et d'idées et pourquoi pas à de possibles rencontres.

S'il vous plait, n'envoyez jamais plus de 10 pages format A4 (en un seul fichier et format Open office ou Word, de préférence) si vous contactez le poézine. 

À l'inverse, jusqu'à preuve du contraire, et contrairement à la majorité des revues de poésie d'aujourd'hui, aucune thématique n'est imposée dans "TRACTION-BRABANT". C'est la liberté chère au poète (du moins, je le crois) qui prime, et puis aussi, cette certitude que le poète peut trouver lui-même de quoi il a envie de parler quand il écrit…

P.M.

Contact pour l'association Le Citron Gare : p.maltaverne@orange.fr

Traction-brabant palace remix 2010

De François Audouy (extrait de T-B 101)

Tenter de toucher le nerf de la guerre,
de fourrer les doigts dans la plaie,
résurgence des régions anciennes,
goût du sang, appel de la forêt.

Saillir du néant, de l’emprise,
ou autant emporte la vie
quand, crissant sur le pavé humide,
les pneus dérapent, incontrôlés.

Anticiper en seule issue,
suite dans les idées sacrée ;
cessation des hostilités,
audace dans la mise à nu.
 
C’est dans les garages de l’être
que sans cesse que s’efface Soledad,
qu’on se garantit en cas de sinistre
d’un zeste de réminiscence

Le blogue de Christophe Condello

Accompagné d'une citation d'Aristote, en sous-titre, "Les arbres sont des êtres qui rêvent" (ce n'est pas ici effectivement qu'ils seront coupés !), le blogue (comme c'est écrit dedans) de Christophe Condello publie des textes d'autres poètes.

Il s'agit aussi d'un blogue d'actualité poétique : mise en avant de certaines manifestations (lectures), publications (chroniques de revues et de livres), et hommage à des auteurs disparus, sans compter une liste de liens d'éditeurs bien fournie.

Bref, une assez complète publication, à suivre ici.

Cervelle d'intellectuel de Patrice VIGUES



Malta compil 1998 : "Petits humains à têtes d'allumettes..." (avec lecteur mp3)

Bon voilà j'ai acheté un nouveau micro j'espère que ça ira mieux, enfin je sais pas, en tout cas avec "Ducon et dugland" et leur "Fick me when i'm sad" (via Dogmazic, site de musique sous licence libre, https://www.dogmazic.net/), on va redémarrer sur des chapeaux de roue cette méga-compil...

Le texte, le voici :

"Petits humains à têtes d'allumettes
Bleues même

Ils viennent dans la nuit
Avec des paroles gonflables
Des conseils pratiques
A coincer dans l'armoire du linge plus blanc que blanc
Avec leurs langues arrachées à la tour de Babel

Monstres aux éclats de cygne
Ils vous font rêver à l'envers
Touchés coulés
Comme si dans votre sommeil
La mort pouvait blanchir"

De Frédéric Dechaux (extrait de T-B 54)

UN MORNE VELOURS


L’absence d’événement spectaculaire dans une existence est désormais considérée, par la culture occidentale dominante, comme un ratage. L’homme discret, qui n’éprouve pas le goût du devant de la scène, est assimilé à une personne falote, insignifiante, presque sans consistance. Son refus de participer aux mouvements de foule et de suivre les élans collectifs le rend suspect ; ses contemporains ne peuvent alors s’empêcher de le discréditer, afin de se rassurer sur la pertinence de leurs comportements de groupe. Curieusement, cela ne semble rien enlever à la richesse de son intériorité ni à la qualité de son expérience de vie, en dépit (ou serait-ce grâce à elle ?) de la dimension minoritaire de cette dernière.

"- un avatar - des zavatta : - i.m. achille-" (illustration de Jean-Marc Couvé)



D'Isabelle Morino (extrait de T-B 100)

 
Retour de plage
 
La peau blanchie de sel
Brouille la connaissance
De tes contours,
Ou alors le soleil.
 
Un cartel de grains
Agrippent tes galbes.
En pluie, la douche publique
Les réduit
À la fuite.
 
Des anglaises font remonter
Ta coupe d'un quart
De siècle. Un car
De tourisme s'apprête
 
Presque autant que toi
À changer d'avis
Sur l'allure à prendre
Pour l'issue à terme.
 
Arrêt en surface
Grande et son rayon
Frais qui, en claquettes,
Fait tes dents claquer.
Cabas tête en bas
Pour trouver - hormis
Bretelles et fouta -
Des cents pour un cône.
Au dernier virage,
L'air perd de son iode,
L'ordre prêche sa foi
Et harponne sa horde.

Image de Pierre Vella et en son hommage


 

D'Alexandre Poncin (extrait de T-B 93)

Z le maudit
 
La haine essaime
liasse épaisse
de frelons verts
 
Abhorrée logorrhée
s’élabore, amène,
sur les ondes récidivistes
 
Z le maudit
Assène l’arsenic
noir alchimiste
 
Larsen vrombit
la herse ouverte
sous les vivats affairistes

Portrait 4 : illustration de Henri Cachau

Pour en savoir plus, contact : henricachau@free.fr

"Jacques Louvain" de Dominique Boudou

En voilà un bon vieux blogspot bien complet : il s'intitule de façon marrante "Jacques Louvain", mais c'est le blog de Dominique Boudou. Allez savoir qui des deux est le vrai ! Les deux peut-être, sans doute.

En tout cas, il s'agit d'une publication presque aussi ancienne que celle de "Traction-brabant".

Ce que j'ai surtout remarqué dans "Jacques Louvain", c'est cet appétit d'écrire tous azimuts. On trouve des poèmes, des proses poétiques ou des nouvelles, ou un roman (au moins), regroupés par cycles, par épisodes. 

Et puis également pas mal d'écritures sur des lectures. L'auteur de ce blog est quelqu'un qui lit beaucoup et c'est pour moi une bonne chose. Dominique Boudou en profite d'ailleurs pour rédiger quelques remarques sur la littérature en général, pertinentes.
Il y a même un article qui énumère les études suivies par des auteurs souvent inconnus (pas mal d'autodidactes parmi eux) ! Intéressant.
Bref, on ne s'ennuie pas avec "Jacques Louvain". Il y a là un véritable bouillonnement intellectuel !...C'est ici.


Traction-brabant 98

Cela m'a fait une drôle d'impression quand j’ai croisé un ami l’autre jour et que je lui ai raconté être parti chercher Traction-brabant. À cet instant, j’ai eu comme une révélation. Et si Traction-brabant était devenu mon enfant ? Ah non ! Arrêtez ! Je n’en suis pas encore arrivé à ce stade !

Simplement, maintenant qu’elle a atteint sa majorité, Traction-brabant brûle de prendre son envol, ce qui m’énerve assez ! Je sens comme une envie de sa part de se mettre à la littérature ! Quelle prétention ! C’est du beau ! Quand je pense que je la nourris depuis toutes ces années ! Si elle continue à m’embêter comme ça, je ne suis pas certain de survivre à tous ses caprices ! Je vais être obligé de lui couper les vivres. Si elle veut devenir écrivain, elle se les paiera, ses études de lettres modernes ! Ça lui apprendra la signification de l’expression : voler de ses propres ailes.

Il faut dire que ce n’est pas toujours facile pour Traction-brabant. Depuis que son petit frère est né en 2012, elle se montre parfois jalouse. Citron Gare est très mignon, et d’ailleurs, je m’applique à fond pour parfaire son éducation. Alors que je me suis jamais beaucoup soucié de l’apparence de « Traction-brabant ». Si elle se met en tête d’être coquette à présent, je ne pourrai plus m’occuper du petit Citron Gare, qui a bien besoin qu’on le protège ! À dix ans à peine, pensez-vous, il ne connait rien de la vie ! Lui aussi, je dois lui épargner les mauvaises rencontres qu’il peut faire à la sortie de l’école, à commencer par les littérateurs, ces êtres malfaisants qui vous embobinent pour une gloire supposée. Si je n’y prête pas attention, il se fera entuber direct !

À cet égard, Citron Gare n’est pas non plus tout blanc ! Dès que je passe trop de temps avec Traction-brabant, il pique de ces crises ! Evidemment, Traction-brabant est le fruit d’un amour de jeunesse ! Tandis que Citron Gare est le résultat de ma sagesse d’adulte qui fait que je lui réserve un brillant avenir. Du coup, ça m’embête car il ne faudrait pas que Traction-brabant pense que je la prends pour une punkette qui tourne mal.

Moi, je vous l’dis ! C’est pas facile d’élever tout seul deux enfants, quand en plus, il faut travailler pour gagner sa vie !     

P.M.

Saturday, April 13, 2024

De Thierry Radière (extrait de T-B 45)

VIVRE C’EST TROUVER LES MOTS

on dit que tout ça c’est de la poésie
parce qu’on sait pas comment nommer
ces enchaînements d’images
comme des œufs de grenouilles flottant en avril
sur l’étang suivis de têtards au mois de mai

on raconte dans le brouillard des histoires
qui n’en sont pas pour l’unique plaisir
d’y voir plus clair sans trop d’espoir
et on continue appliqués à porter des armures
des lunettes des casques des boucliers

la crainte est un sentiment exagéré la nuit
elle prend dans les rêves des bouts de jupe
des pans de nappes et s’amuse à étouffer
la respiration des pensées le souffle des girafes
si bien qu’on croit mourir avant chaque réveil

Wednesday, April 10, 2024

"L'ANCRe NOMaDe", de Jean-Marc Feldman

Je vous présente le blog de Jean-Marc Feldman, qui s'intitule "L'ancre nomade".

Il s'agit, de toute évidence, d'une publication très riche, reflet d'une vie elle-même très riche, dans laquelle alternent images (photographies le plus souvent) et poèmes tout à la fois lyriques et préoccupés par ce qui se passe à l'extérieur. Bref, une "ancre nomade" !...

On y trouve quelques vidéos.

Bref, un blog comme aujourd'hui, en 2024, on n'en trouve plus souvent...

Pour aller y voir, c'est ici.

Thursday, April 04, 2024

De Marine Giangregorio (extrait de T-B 87)

L’homme cerf-volant

Le regard porté par un fil
Au bout duquel dansaient
Ici et là,
Les couleurs d’une liberté
Avortée de l’aube
De rêves taillés dans
Les veines de l’enfance
À le voir, avancer le pas
Chaloupé, la bouche
Engloutissant le ciel
Habité, d’une
Étrange fougue
Bousculant les passants
Car le vent, le vent
Tournait vite
On se demandait, qui
De l’homme ou du cerf-volant
Tenait l’autre
Vivant

Monday, April 01, 2024

"POéSie, VeRs et pRoSe - Poésie. Cherche l'épure" de Laurence Fritsch

Dans le blog de Laurence Fritsch, venez retrouver, entre autres, ses nano-poésies, des poèmes très courts, non seulement en ce qui concerne leur longueur totale, mais également coupés à l'intérieur de chacun de leurs vers. 

Ces poèmes traduisent ainsi la virtualité galopante de notre monde moderne et en même temps, contribuant à remplir le mot d'ordre de cette publication : "Cherche l'épure".

C'est ici, l'autre dimension.


Incipits finissants (67)

On avait bien dit : plus jamais ça. Plus jamais ça, mais quoi ? C’est ce fantôme de l’autoritarisme, qui est de moins en moins un fantôme ...