La planète brûle. L’eau commence à manquer. Nous souffrons de la chaleur. Le prix des matières premières augmente. Vite, il faut faire quelque chose, apprendre à vivre autrement, moins consommer, retrouver le goût de la simplicité, protéger la nature.
De ce point de vue, la poésie ne semble pas en retard, puisqu’elle parle des saisons depuis des siècles.
De plus, beaucoup de poètes
vivent à la campagne, ou du moins, à proximité du vert, même si, sur ce point,
je n’ai pas de statistiques valables à vous livrer. J’ignore si elles existent,
est-ce que quelqu’un y a pensé ? Donc, pour une fois, les poètes se font
éveilleurs de conscience. Ce sont de vrais militants. Ils aiment et ils
agissent.
Agir ? J’ai comme un
doute, soudain.
Les poètes possèdent des
connaissances sur les animaux et les fleurs, tout particulièrement, et aussi
les arbres. Ils décrivent à merveille les paysages, les singularisant par le
recours à des articles définis afin de nommer ce qu’ils observent :
« le », « la »…En somme, ils ont bien révisé leurs cours de
sciences naturelles et leur grammaire...
Cependant, ne sont-ils pas
plutôt dans la contemplation que dans l’action ?
Avec leurs œuvres, je me
balade dans une exposition. Pas bon signe certes, si la faune et la flore ressemblent
à un musée…on ne va pas s’amuser, du coup ! D’ailleurs, l’oiseau ou la
fleur ont déjà perdu pas mal de leurs congénères. Ils se retrouvent bien seuls,
tel le poète. Et ils ne bougent guère, le poète comme l’oiseau. Misère de
misère !...
Elles sont loin les belles
histoires d’animaux de Pergaud, où l’on voyait les animaux tracer leur chemin à
travers les buissons. L’affut de la chasse, pas trop leur truc, aux poètes. La
nature, d’accord, mais à distance respectable.
Déjà, pour aimer de près le
végétal et l’animal, il faudrait kiffer le pourrissement et comme dans le tambour
d’une machine à laver, ce cycle sale des saisons : trop chaud trop froid, très
pluie ou très sec. Pour le poète, hélas, seul le printemps compte…
Du coup, peu de monde écrit
de l’intérieur la poésie de l’extérieur : sombre, épaisse, profonde, dense
et menaçante parfois.
Je l’affirme juste pour que vous me dénichiez de pas trop jolis contre-exemples.
P.M.