Friday, May 08, 2009

Un poème de Lucile Négel et en sa mémoire

ORPHEE


Il erre dans les profondeurs
à la recherche de la bien – aimée
la jeune fille aux serpents
perdue dans les vains bruits du monde
ombre parmi les ombres

Son chant s’est tu
inutile
sa harpe n’est plus d’aucun secours
dans les replis de sa mémoire
la nuit peuplée de monstres
de ses peurs d’enfant
sueurs haletantes
prison de son angoisse
murs refermés
serpent primordial
enroulé autour de son corps
étreinte lentement resserrée
broyant ses os
coupant son souffle
obscurité striée de lueurs
gouffre ouvert sous ses pieds
vertige

Il rampe dans les replis de la terre
écorchant ses mains au roc
tâtonne dans le noir
descend
toujours plus bas
des lueurs s’accrochent aux parois lisses
l’eau ruisselle
murmure
martèle
des grottes s’ouvrent
draperies blanches
roses de chair moite
dentelles
où des puits de lumière
jettent des scintillements
De la dernière
il ne voit pas la fin
la lumière pleut
de toutes parts
et naît du centre
éblouissement
où sourit l’épouse
révélée
ses yeux reflètent l’innocence
d’un être à peine né
et la sagesse des siècles
Il court vers elle
tend les mains
mais elle lui échappe
hors d’atteinte
sans paraître bouger


puis tout s’éteint
il la poursuit longtemps
l’appelle
supplie
parfois une lueur s’allume
dans l’obscurité
il court
hagard
et n’étreint que le vide


Il tombe
épuisé
ferme les yeux
il n’est plus que ténèbres
silence
désespoir


Alors
il sent sa présence
main fraîche sur son front
caresse
murmure
soupir
voix de la mère oubliée
son double
il se fige
à l’écoute
de la voix
qu’il porte en lui


En deux pas
il est dehors
dans la jeune lumière du printemps
familière
le cri des hirondelles
le spectre blanc des amandiers
au parfum de miel


Mais lui ne sera
plus jamais le même
Sa lyre s’essaie à saisir
des fragments d’éternité
reflets d’un au-delà
insaisissable
éclats de temps pétrifié
où hommes et bêtes
stupéfaits
se reconnaîtront

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